Genre : Thriller
Langue : Français
Pages : 400
Parution : 6 novembre 2014
Éditeur : Gallimard (série noire)
Traduction : Isabelle Maillet
Prix : 23€
Titre VO : Hell or High Water
Résumé :
« En 2005, quand l’ouragan Katrina a provoqué des coupures d’électricité
et que le maire, Ray Nagin, a ordonné l’évacuation de la ville, plus de
mille trois cents délinquants sexuels fichés en ont profité pour
disparaître des écrans radar. Aujourd’hui, trois ans plus tard, huit
cents sont toujours introuvables. Or, tout le monde sait que les natifs
de La Nouvelle-Orléans n’aiment pas rester éloignés de chez eux. Ça fait
potentiellement beaucoup de pervers dans nos rues.
Un des gars des Informations générales avait donc décidé de prendre le pouls de la ville sur cette question. Les programmes de réinsertion sont-ils efficaces ? La loi de Megan, autorisant la diffusion publique de leurs coordonnées sur Internet, a-t-elle eu des résultats positifs? Les délinquants sexuels peuvent-ils mener une vie normale une fois que leurs voisins ont été informés de leur présence? Que pensent lesdits voisins de la situation ? C'est une opportunité exceptionnelle, le genre de reportage susceptible de lancer une carrière – exactement ce dont je rêvais. Mais interroger des violeurs, des pédophiles, des désaxés... »
Jeune journaliste pour le Times-Picayune, Nola Céspedes se voit enfin confier un « sujet sérieux ». Peut-être trop, alors que La Nouvelle-Orléans, encore convalescente après le passage de l'ouragan Katrina, connaît une série de disparitions de jeunes filles, toutes retrouvées mortes dans le Mississippi après avoir été violées et mutilées…
Mon avis :
Un des gars des Informations générales avait donc décidé de prendre le pouls de la ville sur cette question. Les programmes de réinsertion sont-ils efficaces ? La loi de Megan, autorisant la diffusion publique de leurs coordonnées sur Internet, a-t-elle eu des résultats positifs? Les délinquants sexuels peuvent-ils mener une vie normale une fois que leurs voisins ont été informés de leur présence? Que pensent lesdits voisins de la situation ? C'est une opportunité exceptionnelle, le genre de reportage susceptible de lancer une carrière – exactement ce dont je rêvais. Mais interroger des violeurs, des pédophiles, des désaxés... »
Jeune journaliste pour le Times-Picayune, Nola Céspedes se voit enfin confier un « sujet sérieux ». Peut-être trop, alors que La Nouvelle-Orléans, encore convalescente après le passage de l'ouragan Katrina, connaît une série de disparitions de jeunes filles, toutes retrouvées mortes dans le Mississippi après avoir été violées et mutilées…
Mon avis :
2008, la Nouvelle Orléans
avec en plus le sujet épineux des délinquants sexuels, voilà un
livre qui m’aurait intriguée mais que je ne suis pas sûre que
j’aurais eu le courage de prendre en magasin. Et là réside
l’erreur... Reçu en cadeau après un concours sur la page facebook
de série noire, j’avoue que j’ai hésité un peu avant d’avoir
le courage d’ouvrir ce livre. Et je ne regrette rien.
Pour ceux qui espéreraient que tout le livre couvre l’enquête qui suit les événements du chapitre d’introduction, je vous arrête tout de suite, vous serez déçus. Quelques chroniques en ligne (en anglais) signalent ça comme une déception, mais ce n’est pas mon cas. Après un chapitre qui plante le décor (malsain) qui nous attend dans cette « enquête », nous faisons la connaissance de Nola Céspedes, jeune journaliste à la section Loisirs de son journal, qui attend l’occasion de faire enfin ses preuves et de passer aux Infos générales, chez les « vrais journalistes ».
Jeune femme d’origine cubaine, nous en apprenons plus sur elle, ses origines et la manière dont elle a grandi, dans un quartier dangereux qui rappelle les « quartiers nord » durs à ceux qui ont grandi dans ce qu’on appelle maintenant pudiquement « les cités ». Et laissez-moi marquer une pause ici, l’héroïne n’est pas une femme blanche avec un parcours classique. À ma grande surprise, j’ai marqué un arrêt quand elle a parlé d’un autre personnage en disant « un blanc ». C’est incroyable ce que la littérature a formaté mon esprit à s’attendre à ce que le héros ou l’héroïne soit blanc/hétéro/de-la-classe-moyenne (en général mais pas toujours). Et pourtant, en tant que personne faisant partie de « minorités », je devrais poser un œil différent sur mes livres, mais j’ai mis tout ce temps à me rendre compte de cet état de fait. Et rien que pour cela, ce livre a attiré d’autant plus mon attention.
Nola est pleine
d’énergie, de charisme et d’assurance, mais aussi
d’incertitudes, de colère et de mélancolie. Une personne pour
laquelle on a rapidement de l’empathie. Puis elle commence son
enquête sur les délinquants sexuels et l’ambiance devient aussi
glauque et oppressante que l’on peut s’y attendre. Mais surprise,
l’auteur ne surexploite pas cet aspect. L’héroïne a d’autres
préoccupations que son boulot, et nous croisons ainsi ses amies, sa
mère, sa Petite sœur et toute une galerie de personnages bien
définis et croqués de manière intéressante, bien que de manière
pas tout à fait objective par le regard de Nola.
L’auteur, dans un style
efficace, aux mots bien choisis, donne littéralement vie à la ville
de la Nouvelle Orléans, qui est à mon sens un personnage
à part entière du récit. Plus qu’une enquête et l’écriture
d’un article, la narration nous entraîne dans les sentiers de la
découverte d’une ville cosmopolite, tout en contradictions, où
les effets de l’ouragan semblent avoir encore creusé les
inégalités tout en diminuant certaines. Contradictions bien
humaines. Le récit est écrit au présent, ce qui en général me
rebute car j’en vois rarement l’utilité. Mais pour une fois,
j’en ai apprécié ici tout l’intérêt. Il y a une immédiateté
dans les événements qui n’aurait manifestement pas fonctionné au
passé. On a l’impression claire de faire le cheminement en même
temps que Nola, et les pages défilent sans qu’on s’en rende
compte.
L’auteur, au cours de
l’enquête de Nola, qui essaie d’aborder tous les sens de la
question de la délinquance sexuelle, apporte des informations de manière simple et arrive à faire réfléchir le lecteur
sur cette question dérangeante sans le faire de manière
condescendante, mais en donnant des faits, dont un certain nombre que
j’ignorais, et d’autres que je connaissais, et laisse le lecteur
se faire une opinion sur le sujet. Victimes, prédateurs, ces
derniers souvent eux-mêmes victimes, avec des remords ou sans
regrets... Espoir ou manque d’espoir, tout y est pour faire de ce
livre plus qu’une simple lecture, en évitant comme je l’ai dit
plus haut l’écueil de la violence et de la noirceur gratuite pour
simplement mettre le lecteur mal à l’aise. L’oppression et le malaise sont
bien présents mais ne plombent pas l’entièreté du récit.
Les événements des
derniers chapitres ne surprendront pas les lecteurs qui auront prêté
attention aux informations disséminées tout au loin des pages. Et
la fin est une lumière hésitante vers la fin du tunnel, tout en
étant elle-même pas si politiquement correcte. Un bijou.
En conclusion, une
lecture surprenante, qui sait saisir son lecteur dans le glauque et
la noirceur du sujet, mais sait aussi l’en sortir régulièrement
afin de ménager ses effets et de permettre au lecteur de suivre le
cheminement de l’héroïne, tout en lui peignant un tableau vivace
de la Nouvelle Orléans, qui est un personnage à part entière de
l’histoire. Un thriller original qui amène intelligemment son
lecteur à réfléchir. Que dire de plus ? À quand la suite ?
;)
Tous mes remerciements à la page Facebook Série Noire, grâce à qui j'ai gagné ce livre par leur jeu "la phrase incognito".
La série - Nola Céspedes Mysteries :
1. Après le déluge
2. Au Plus Près
2. Au Plus Près
{??}
Je ne connaissais pas du tout mais il me tente énormément à présent :)
RépondreSupprimerTu me vois ravie de t'avoir donné envie de lire ce livre. Le sujet peut être particulièrement dérangeant, il faut l'avouer, mais il vaut vraiment le détour... :)
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